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Un jour, j’en ai eu assez que l’on rêve à ma place.
J’ai relevé la tête, j’ai relevé mes manches,
et j’ai commencé à bâtir mon propre rêve.

*

” Les hommes étaient partis depuis bien longtemps.
Les glous étaient restés…”

*

Les glous : une rencontre …

Un moment, quand rien ne va plus, il faut bel et bien s’arrêter et reprendre le problème à la racine.

Et moi j’ai trouvé que rien n’allait plus dans le monde des hommes : j’ai trouvé qu’ils s’ennuyaient, qu’ils s’agitaient pour se faire croire qu’ils avaient quelque chose d’intéressant à faire mais que finalement ni la religion, ni la politique, ni tout ce que l’argent leur permettait d’acheter et de faire n’avait réussi à combler le vide de leur tête et de leur ventre. Non ce monde n’était pas un paradis. C’était une prison à ciel ouvert d’où je lançais des SOS. C’était une planète à la dérive, de plus en plus violente et abîmée.

Bien sûr, on nous offrait d’autres mondes à rêver, à travers des écrans, des affiches, mais un jour j’en ai eu assez que l’on rêve à ma place.

Alors, j’ai relevé la tête, j’ai relevé mes manches, et j’ai commencé à bâtir mon propre rêve.

J’ai décidé de suivre le vent.

C’est au fond de la forêt que j’ai atterri à force de le suivre. C’est là que lui et moi, on s’est arrêté. C’est là qu’on a découvert le vrai silence. Celui qui laisse place à tous les bruits des oiseaux et des feuilles et dans lequel on peut réfléchir, en grand.

Je m’en suis rassasiée.

C’est là aussi que les arbres se sont mis à me parler : d’abord quelques mots chuchotés de-ci de-là et puis de plus en plus au fil des jours, et finalement de vrais discours, avec des tas d’idées que j’avais presque oubliées : Que la nature nous donnait la liberté sans nous priver de racines, que la vie était une page blanche et que nous étions là pour inventer et non pour reproduire.

J’en avais presque oublié les hommes et tout ce qu’ils m’avaient appris. Si loin de la ville, je retrouvais la liberté que seules donnent la solitude et l’innocence.

 

Alors je me suis attardée dans ce « lieu de régression salutaire. » *

 

Grand bien m’en a pris.

 

Car c’est alors que je les ai vus !

 

hey ! petit écureil ,

tu me prêtes ton livre

il a l’air cool !

Marc Hen

Marc Hen

photographe animalier

Suivez le sur sa page facebook , il poste toujours des photos superbes

La couverture du livre a été conçue à partir d’une photo d’écureuil réalisée par Marc Hen.

Mais attention, les glous ne sont pas des écureuils !

lire le premier chapitre ici :

chapitre1 : La terre réparée

Les hommes étaient partis depuis bien longtemps.

Les glous étaient restés.

Je crois qu’il faut vous dire que les hommes n’avaient jamais soupçonné l’existence des glous. Ils avaient été trop occupés à pomper tout ce magma noir qu’ils allaient dénicher sous la terre ou sous la mer. Ce liquide étrange leur avait servi à se déplacer, à se réchauffer, à se refroidir, à s’illuminer et à fabriquer une multitude d’objets et de machines… Mais les réserves de la substance avaient fini par s’épuiser.

Les glous s’en fichaient.

Jamais ils n’avaient eu besoin de cette drôle d’énergie sombre qui empestait. Ils avançaient en rebondissant comme des balles ou en marchant doucement avec leurs pieds à trois orteils. Lorsque le froid mordait trop, ils se recroquevillaient sous terre comme des graines endormies dans le ventre de l’hiver. Si la chaleur devenait insupportable, ils plongeaient tout simplement leur corps entier dans la fraîcheur d’une rivière. Ils savaient emmagasiner la lumière du soleil pour s’allumer la nuit venue comme des lucioles.

Et pour fabriquer des objets, ils avaient à disposition leur force, leur tête pleine d’idées, celles de leurs amis et tout ce que la nature leur offrait : la terre, le bois d’arbre, les cailloux gris, les gouttes de nuage, les rayons de lune, les épines de hérisson, les plumes de serpent aussi…

Les glous avaient parfois aperçu les hommes de loin dans la forêt, mais d’instinct ils n’avaient jamais eu envie de les suivre.

Ainsi, un chaud matin d’été où le soleil levant montrait une figure écarlate, les hommes étaient partis. Ils avaient disparu par le trou qu’ils avaient fait dans la couche du ciel, au niveau de la zone O, tout près du pôle Ouest de la planète.

C’était dangereux, ce trou ! D’abord le soleil risquait d’y tomber tout entier à chaque fois qu’il s’approchait de l’horizon pour se coucher. Ensuite, les rayons solaires s’y engouffrant par milliers causaient un réchauffement rapide de la surface de la Terre. Et si la température montait en flèche, les glous allaient vite sécher, s’aplatir et se froisser comme de vulgaires pruneaux !

Certaines fleurs aux pétales fragiles avaient déjà brûlé et beaucoup de plantes assoiffées, incapables de tenter quoi que ce soit parce qu’immobiles, devenaient folles ou désespérées.

Les glous avaient alors demandé de l’aide à La Rayée, une charmante et malicieuse araignée tisseuse de fil, comme la plupart des araignées en activité. Pendant des jours de soleil et des lunes de nuit, elle avait tissé sans relâche une toile épaisse et collante pour obturer ce gouffre.

Comme ce trou était immense pour une si petite araignée !

Pourtant, elle ne s’était pas découragée. Les grosses chaleurs, le froid cinglant, l’épuisement qui vous colle les pieds à la terre, les douleurs aux pattes à en pleurer, rien n’avait eu raison de sa détermination et jamais elle n’avait cessé de tricoter.

Bien sûr, beaucoup dirent alors qu’elle était courageuse, mais était-ce tout à fait du courage ?

Sans doute, La Rayée se sentait-elle simplement responsable, responsable du ciel, responsable des glous, ses amis, responsable de tous ceux qui vivaient sur cette planète ou qui allaient y naître. Et puis, elle avait promis aux glous. Elle leur avait juré qu’elle en viendrait à bout. à bout de ce trou…

Les glous chantaient en chœur pour l’encourager et tous ensemble, ils étaient finalement parvenus à colmater la brèche.

Cette fois, les hommes ne reviendraient jamais.

Les glous s’en fichaient.